« Cessons d’être des moutons ! » de Cass R. Sunstein et Reid Hastie : l’intelligence collective n’est pas toujours une force
2025-05-15 IDOPRESS
Livre. Répandue et généralement louée,la décision collective a bonne réputation : en groupe,pense-t-on,l’information circule,les cerveaux se frottent,les idées émergent… Aristote,déjà,vantait cette pratique. « Il est possible que de nombreux individus,dont aucun n’est un homme vertueux,quand ils s’assemblent soient pourtant meilleurs (…) non pas individuellement,mais collectivement »,écrivait-il dans Les Politiques (Flammarion,2015).
Pourtant,est-on toujours meilleur à plusieurs ? « La réponse est non »,affirment le professeur d’économie comportementale et de politiques publiques à Harvard Cass R. Sunstein et le professeur de science comportementale à l’université de Chicago Reid Hastie dans Cessons d’être des moutons ! Du bon usage de l’intelligence collective (Flammarion,« Clés des Champs »,288 pages,11,50 euros) - traduction française inédite de leur livre Wiser : Getting Beyond Groupthink to Make Groups Smarter (Harvard Business Review Press,2014). Et les auteurs d’insister : « Dans la vraie vie,les débats entraînent souvent les gens dans la mauvaise direction. »
En s’appuyant sur l’économie et la psychologie comportementales,ils décryptent les failles du fonctionnement des groupes. Si les individus font de nombreuses erreurs,ces dernières sont rarement corrigées à plusieurs. Pire,elles sont souvent amplifiées : les groupes ont de plus grandes difficultés de planification ; ils privilégient la pensée rapide,émotionnelle et intuitive,plutôt que la pensée lente,calculatrice et délibérative…
Un procédé « ultrasimple »
Selon les deux éminents chercheurs,les groupes se comportent en troupeaux. Les participants emboîtent le pas à ceux qui ont agi ou parlé les premiers et font davantage ressortir les informations connues de tous au détriment de celles,parfois dérangeantes,détenues par quelques-uns. Ils tendent également à durcir progressivement leur position : les optimistes le sont encore davantage au risque d’occulter les problèmes et exposer la communauté.Il vous reste 41.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.